Annie et les deux Simone

C’est avec joie que j’ai appris le couronnement de l’œuvre de Annie Ernaux par le prix Nobel, non sans me poser, toutefois, quelques questions…

A-t-on jamais annoncé que Patrick Modiano était le nième HOMME à recevoir le Nobel alors qu’on peut lire un peu partout qu’A. Ernaux est la 17ème FEMME à le décrocher ?  Cette précision me dérange et je présume que le jour où on saura s’en passer, on aura fait de grands progrès en matière de féminisme.

Notre brillante lauréate a su traiter de sa vie privée et intime, comme d’un objet d’étude qu’elle a examiné, analysé, avec une distanciation quasi scientifique (« sociologique » est le mot le plus couramment employé) d’où il résulte que n’importe laquelle de ses lectrices peut s’identifier à son personnage. Cela est d’autant plus vrai pour ses contemporaines qui ont connu les mêmes expériences, la même époque qu’elle (j’en suis, avec mes 81 ans). Cette méthodologie, qu’il faut saluer, ne s’en accompagne pas moins d’une forme d’écriture (de style) qui va avec, et qui, à mon avis, nuit à la qualité purement littéraire de son travail : on a parlé d’écriture « plate », « blanche » ou « comme un couteau » … N’aurait-il pas été plus approprié d’éviter le terme de roman, accolé à la plupart de ses livres, pour lui préférer ceux de récit, témoignage ou autre genre (du même genre !) qui m’échappe peut-être ?

Enfin, un petit regret au sujet de Simone Veil et surtout de Simone de Beauvoir qui, pour la dernière principalement, aurait largement mérité de voir, en son temps, son œuvre couronnée par le Nobel. Et ce sera donc ma dernière question : « Pourriez-vous Annie dédier un petit morceau de votre prix à Simone ? A l’avance, merci. »

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